samedi 22 janvier 2011

Suite mariage Diola


Alors je vous ai fait part du long processus pour un mariage diola, c'est ainsi qu'Yves a vécu le sien avec Soso. Il semble que pour Anouck, ce fut un peu différent, car le mariage a été décidé 3 semaines à l'avance par les mariés et non par la famille en fonction de la quantité de bunuk nécessaire. Néanmoins, le samedi, le jour du mariage, les mariés ont connu un moment de stress car le bunuk n'a pas été livré, alors c'est le déshonneur face à la communauté, c'est ainsi que le mariage s'est prolongé le lendemain, à la réception du bunuk (tout frais récolté). Ces deux jours se sont composées de danses traditionnelles diola, au rythme du chant des femmes. Les femmes semblaient ravies de me voir jouer le jeu et tenter de danser, les fesses en arrière, les mains en avant... Et le temps des repas était également très important. Le soir du mariage, nous avons pris 3 plats au bol commun, d'abord chez les parents du marié, puis dans le village voisin, chez l'oncle du marié, puis de retour chez les mariés, un autre plat en l'honneur de la naissance d'un bébé d'un couple d'amis aux mariés...Autant vous dire, que la peau du ventre était bien tendue.

Les jeunes mariés Anouck et Justin


vendredi 21 janvier 2011

A votre avis...oui j'aide à vider la pirogue...Le campement de Yves. Le puit du jardin des femmes de Condé



Me voici à Dakar et très en retard sur mon passage à Niomoune...

J'en étais à la pompe solaire qui serait fort utile à ces femmes. Ma visite à Condé se clôture par une séance photo où les femmes se prêtent au jeu, en exécutant une danse ou en demandant de prendre leurs enfants. Je sais que ce sont des villages auxquels je vais rester attaché, par le biais d'Anouck et Yves, de qui je deviens proche. De retour au campement, je fais connaissance de Yvonic, et oui, encore un breton, parti à la découverte du monde sur son voilier. Quelques échanges placés sur le ton de l'humour avec ce baroudeur du style Obélix, presque en route pour l'archipel au sud de la Guinée Bissau.
Petit Niambon revient me chercher vers 17h et me propose de m'emmener à Haer, l'autre village distant de 2,5kms. C'est parti mais vu l'heure et la distance, nous allons rentrer de nuit donc je m'équipe en conséquence. Sauf en chaussure, le chemin sablonneux que nous empruntons, est parsemé de petites épines qui viennent, tous les 3 mètres se loger entre mes orteils. Niambon avance d'un bon pas, sans ressentir comme moi chaque piqûre. Je ne vous cache pas que j'appréhende déjà le chemin du retour dans le noir. Arrivée à Haer, je suis présentée au chef du village, occupé à préparer la lanière permettant aux récolteurs de grimper aux palmiers.
Ensuite, nous nous rendons chez le directeur d'école Mr Sanné. C'est la personne ressource du village à qui je remettrais le soin d'expliquer l'utilisation des aquatabs. Il s'agit de comprimés de chlore pour purifier l'eau de boisson. Enfin, une solution alternative à l'eau de javel que la population utilise ou parfois pas comme il le faudrait, car difficile à doser. Les problèmes de diarrhée sont responsables d'une forte mortalité chez les jeunes enfants... J'ai eu la chance cette semaine, d'être invitée par US AID à la formation en marketing social pour promouvoir ce produit. Ce comprimé sera bientôt en vente dans toutes les boutiques au prix de 20FCFA, soit 3 centimes d'euros pour purifier 20 litres d'eau. Abordable pour tous vous me direz, et bien, maintenant, je suis consciente que ça double le prix d'achat de 20 litres d'eau. Car les habitants des îles qui n'ont pas pu récolté de l'eau de pluie durant l'hivernage, achètent des bidons d'eau de distribution à Ziguinchor à ce prix...Pas évident ici de mettre des projets en place, tout doit être réfléchi et basé sur le changement de comportement, l'évolution des mentalités. Ainsi, les bases du marketing social m'aideront j'espère tant dans le domaine du solaire que la purification de l'eau. La lumière et l'eau, les 2 sources  de vie indispensables.
Je fais connaissance avec une femme qui a accouché l'avant veille, je reste en admiration devant la technique utilisée pour langer le bébé avec un tissus. Elle me demande mon nom et décide que sa file sera mon "homonyme" comme on utilise beaucoup cette formule ici.
La nuit commence à tomber, nous clôturons la visite par le jardin des femmes, sur le même principe qu'à Condé ce matin, mais là, je découvre des citronniers, du bissap (je vais en faire du jus), on m'offre également un potiron, déjà d'une belle taille. C'est Soso qui est heureuse et propose de l'utiliser pour un bon gratin au fromage de Casamance le lendemain. Le chemin du retour dans la pénombre se fait tranquillement, Niambon a compris que mes petits pieds sont plus sensibles que les siens. Je suis invitée à faire une pause pour déguster le "bunuk", le traditionnel vin de palme fraîchement récolté. Les amis récolteurs de Niambon, nous accueillent autour d'un feu au coeur de la palmeraie. Je dois dire que je reviens totalement sur ma 1ère impression de la kermesse de Tilène. Le bunuk se boit "comme du petit lait", il s'agit de la sève, proche d'un jus de fruit, qui évolue en goût et en pourcentage d'alcool, d'heure en heure et de jours en jours. (Conservation maximale une semaine au réfrigérateur). Je garderais longtemps ce souvenir de ces 6 récolteurs réunis autour du feu, en écoutant grâce à un gsm, Francis Cabrel, chanter "Je t'aime, je t'aimerais..." et ces jeunes tous en choeur me demander chacun à leur façon en "mariage". Petite précision, on nous demande toujours comment on s'appelle, en insistant pour connaître notre nom de famille. Il est préférable de choisir un nom d'emprunt. Je suis rebaptisée "Anna"pour les gens que je rencontre juste en rue. Et Isabelle "Garnier" pour ceux que je côtoie plus. La culture Diola fait que la population est sous l'influence de nombreux fétichistes, qui peuvent facilement travailler à partir du nom complet. Ce matin, au petit déjeuner, Soso m'explique différentes anecdotes concernant des serpents, ce qui me prouvent en effet, que leur système de croyance, les superstitions sont très ancrées. D'après les toubabs ayant assistés aux cérémonies de la circoncision, ce sont des pratiques authentiques, qui ne doivent pas être prises à la légère. Je pense que le plus judicieux est alors d'adapter une attitude ouverte et observatrice car nous avons tant à apprendre et nous enrichir sur les plans culturels et spirituels.
Je continue à m'intéresser à ces nombreux arbres exotiques, qui me fascinent, à travers cette végétation luxuriante. J'apprends à distinguer les majestueux fromagers, le vrai et la faux ditachs, le palmier, du bananier, du cocotier, du ronier (son fruit le coni est délicieux, composé de 3 alvéoles remplis d'une forme de gélatine sucré et rafraichissante à souhait) C'est à partir du ronier qu'on fabrique la lanière des récolteurs de bunuk. Le baobab, vous le connaissez mais j'ai découvert ici (et non au Botswana) qu'on mange son fruit appelé pain de singe, on fabrique avec le jus de bouye, délicieux et onctueux.
Un début de journée qui s'annonce calme. Mes 9 kms de marche d'hier, qui en valent le double, dans le sable, mes cuisses demandent un peu de repos, en attendant certainement une nuit de danse pour le mariage d'Anouck et Justin. J'en profite pour écrire, lire le "baobab fou" de Ken Bugul "qui signifi en wolof "personne n'en veut". Auteur sénégalaise, elle est spécialiste du développement et de la planification familiale.
Vers 15h30, nous nous synchronisons avec la pirogue qui doit arriver de Ziguinchor à Niomoune, avec à son bord, les jeunes mariés. A notre grande surprise, les mariés arrivent à bord d'un petit bateau appartenant à un ami Suisse et sa femme Diola. Nous procédons au déchargement de toutes les victuailles (différents biscuits fait main par Anouck appelés bonbons, le gâteau et une petite partie du bunuk)
Le mariage Diola, m'explique Yves, est un très long processus, qui peut durer 10 ans. L'homme, d'abord va voir les oncles de jeune fille, qui se concerte et donne leur avis. Ensuite, il faut l'avis et l'accord des tantes de la mariée potentielle...Puis les parents de la femme concernée et enfin la femme elle même. A chaque étape, des réunions, des "causeries" se font, il faut user de patience, pour être informé du résultat de chaque concertation. Si l'une ou l'autre partie émet une objection, on reprend le processus à la base. Enfin si le résultat est positif, le prétendant doit proposer une valeur en quantité de bunuk de la marié. Ainsi, en comparaison avec la voisine ou cousine..., les vieux disent 300 ou 400 litres, ce serait bien. Alors le prétendant doit enrichir et proposer par exemple 350 litres de vin de palme. A partir de cet accord, faut il encore que l'homme ait les moyens de financer cette quantité de bunuk pour rassasier toute la communauté le jour du mariage. Cette étape peut prendre plusieurs mois ou années. Enfin le jour du mariage est décidé en fonction de la quantité de bunuk commandé et récolté puisque la récolte se fait le jour même ou la veille.

mercredi 19 janvier 2011

suite...we

Je ressens tout à coup un désir jusqu'à présent ignoré, celui d'écrire, de vous partager ce ressenti... Soso me fait goûter ces confitures de bissap, et de bananes mangues, un pur délice pour les papilles. J'écris ces quelques lignes en attendant petit Niambon, qui me conduit à travers la brousse au village de Candé. Nous traversons 3 formes de végétations :
- Les rizières
- La savane avec des herbes sèches couleur or (rappel à mon souvenir des images du désert du Kalahari au Botswana, agrémenté de ces arbres ressemblant à des pommiers dans un verger, ce sont les faux ditachs (celui qui n'est pas consommables). Il est juste utilisé en brulis pour les cultures.
- Les palmeraies, où je ne les vois pas mais je les entends chanter...Les récolteurs sont là partout, autour de moi, ils récoltent et produisent le "bunuk" le vin de palme. J'ai très hâte d'y regoûter lors du mariage traditionnel Diola d'Anouck et Justin demain, samedi à Niomoune. Car dimanche, à la kermesse de Tilène, mon quartier, j'en ai fait l'expérience, pas très concluant, ni à l'odeur, ni au goût. Accompagné de Niambon, j'arrive à Condé, village de 8-10 cases, désertes. Les hommes sont partis récolter dans la palmeraie et les femmes sont au jardin. Nous nous y rendons. Comme tout ici, le jardin est de sable, sur environ 1ha à vue d'oeil. On enlève ses sandales pour entrer et respecter les semis et les plantations. Je suis présentée à l'aînée du village qui n'est autre que la maman de Niambon, mon guide. Les femmes me regardent, me sourient et me demandent le "Kassoumaye ?" Ca va ? auquel je répond le Kassoumaye Balé. Ca va bien en Diola. J'ai compris la veille que le peuple Diola qui s'étend sur l'ensemble de la Casamance est séparé en 2 à partir du pont Emile Bandiale à la sortie de Ziguinchor. Ici dans le sud, on parle le Cassa tandis qu'au nord, la brousse est appelée "le Blouf", où on répond par Kassoumaye Kepp. Autant vous dire, qu'il existe suivant les communautés d'autres variantes. Ainsi, à part quelques mots de bienséance, pour se faire accepter, je continue à concentrer mes efforts sur l'apprentissage du Wolof, bien qu'à l'oreille, le Diola me plaît beaucoup et me semble plus facile à prononcer.
Pour en revenir au jardin, il s'agit d'un programme de la coopération espagnole, démarré l'année passée, ayant pour objectif de rendre ses femmes plus autonomes financièrement. Chacune en exportant ses légumes, la saison dernière a fait en moyenne d'après le "maître horticole", qui leur enseigne les techniques de maraîchage, 41000FCFA de vente, soit 60 euros. Le 2nd objectif est également de leur apporter des nutriments plus riches et de varier leur alimentation qui reste selon les traditions, basée sur le riz et le mil. Ici, elles cultivent la tomate, l'oignon, l'aubergine qui nous connaissons et également la petite blanche qui est très amère, le piment évidemment. Le professeur m'amène près du puit et m'explique toute la difficulté des femmes qui manquent de force pour puiser l'eau et irriguer quotidiennement leur semis. Il souhaite trouver un financement pour l'installation d'une pompe solaire. Nous restons en contact, je vais réfléchir à la manière dont je peux leur venir en aide, en installant une pompe de chez Hardel Solar. ...A demain

mardi 18 janvier 2011

Mariage Diola...

L'Ile de Niomoune
Arrivée de Ziguinchor après 4 heures de pirogue, en compagnie de Gastion, jeune Diola, peintre en bâtiment. IL a arrêté l'école à l'âge de 11 ans, mais s'exprime en français, tant écrit que parlé parfaitement correct. Il me guide tout au long de ces 4h, géographiquement, je me situe de villages en villages. Gaston, comme j'ai pu le constater pour bon nombre de sénégalais, ont un sens de l'observation exacerbée. Chaque arbre à l'horizon est un point de repère, là où moi, j'écarquille les yeux, il m'explique la particularité et les caractéristiques de chaque village et de sa population. On traverse des zones de mangroves où poussent des palétuviers, sur lesquelles viennent s'accrocher ses petites huîtres qui me font tant envie, et dont j'attends la cueillette avec impatience. De villages de pêcheurs, en passant par des zones de rizières, nous atteignons l'île de Niomoume, enclavée, avec comme seule accès la navigation en pirogue sur les boolongs, petits bras salés sur le fleuve Casamance.
Yves, un belge expatrié depuis, il ne compte plus..., m'accueille sur les berges. Je le suis pas à pas, zigzaguant entre les rizières, les zones maraîchères...environ un km de marche avant d'atteindre sa pirogue sur le bolong parallèle. Puis après 15 min de pirogue à moteur, de vue sur la mangrove, une végétation luxuriante, arrivée à son campement : Eringa, son petit coin de paradis. Lieu de silence, de quiétude où je sens déjà que ces qqs jours vont me ressourcer. Je fais connaissance avec Soso, sa femme, avec accueil en toute simplicité, mais avec beaucoup de chaleur. On dîne sur la terrasse après avoir fait le tour du propriétaire. Au menu, la 1ère salade du jardin (genre batavia, croquante à souhait), tomates, saucisson (importé par un ami français), accompagnée d'une excellente vinaigrette (appelée marinade ici), Un véritable délice, car ici, je l'avoue, je fais régulièrement une orgie de fruits, mais je suis en manque cruel de légumes. Ensuite, Soso achève de me "gaver" de spagettis à la sauce " viande", et me réserve la dernière part de dessert, d'excellents fruits au sirop. Ici, on dit, peau du ventre bien tendue, nègre content et bien je rajoute toubab très contente...de rejoindre Morphée. Une nuit paisible sans appel à la prière de la mosquée voisine, sans l'âne et les coqs ou encore mes voisins de chambre, les porcs mes voisins de dessous, ou encore les femmes puisant l'eau au puit à partir de 6h. Je me sens extrêmement bien chez moi, sereine, en sécurité, bien entourée par la famille Mandjack. Mais je me rends compte combien ces quelques jours sur ces îles vont être enrichissant et ressourçant. Vont ils me permettre de prendre la distance nécessaire à mon histoire sentimentale ? Il le faut, je dois me l'imposer et me concentrer sur l'essentiel. Pourquoi, cette envie, ce besoin de fouler le sol africain depuis une dizaine d'année, pourquoi mon coup de foudre pour cette région de Casamance, pourtant agitée, avec un peuple riche de cultures, de patrimoine, de danses, de rythmes, de rites" fétichistes" comme nous, peuple celte. "Je me retrouve ici" Cette végétation, la mer, ces valeurs ancrées ne me sont pas totalement inconnues, quoique un peu différentes...

samedi 8 janvier 2011

Enfin en week end...

J'avais promis des news le lendemain, mais pas de chance, j'ai fait confiance à une jeune fille, qui n'a pas tenu parole...donc j'ai gardé ma place de vendeuse de prêt à porter toute la semaine. Enfin, la jeune Néné vient de commencer, elle m'a été recommandée par mon associé en solaire, elle a déjà vendu une robe...J'espère que cette boutique va tourner car Massart est un jeune couturier, styliste, plein d'ambition et de talent. A bientôt les photos...

Donc, vous imaginez une semaine bien chargée, car on ouvre les boutiques à 8h jusque 19h... Ensuite, les soirées ont été consacrées aux amis, aux clients potentiels au niveau de l'achat des produits solaires.
Allez, encore un petit effort, tout à l'heure, une réunion de la petite association Regard d'Amour, en faveur des enfants défavorisés, suivi de l'anniversaire de la responsable. Il faut qu'on avance, les demandes de budget doivent être lancées tout début d'année.

Enfin, demain relâche, dimanche, grasse mat, si possible. Ménage, lessive, faire le marché et préparation de poisson grillé au programme suivi, d'un sortieà la kermesse du quartier. Mon propriotaire m'a proposé d'aller goûté le vin de palme...je vous en dirais des nouvelles. A très vite, bon week end

mardi 4 janvier 2011

Tout plein de bonheur et de projets pour cette nouvelle année....

Me revoilà, oui oui je sais, je ne donne pas trop de news, disons que le programme a été chargé, et le moral un peu défaillant mais pas d'inquiétude, ça remonte...Cette nouvelle année est pleine de perspective surtout professionnelle. Je m'associe avec un technico commercial en solaire, pour lancer la ligne Hardel Solar Industrie ici à Ziguinchor. Une autre personne me fait une étude de marché en Guinée Bissau, on verra, mais vu les nombreuses coupures d'électricité, ça devrait pouvoir se développer. Hormis ça, j'ai donné un coup de pouce à un ami tailleur, couturier, styliste à lancer sa boutique et passer quelques jours à jouer la vendeuse en attendant qu'une jeune fille de mes connaissances soient disponibles... Je saute du coq à l'âne je sais... Mais bon, bref, je m'occupe l'esprit pour forger ma patience pour autre chose... J'espère prendre plus de temps demain pour vous partager un peu plus de mon quotidien. Je vous souhaite à toutes et à tous, mes amis, une excellente année, sur tous les plans.